Si l’amour, la joie et la paix sont des vertus identifiées fréquemment dans l’attitude de Pier Giorgio, sa patience, elle, est plus rarement évoquée. Pourtant, celle-ci apparaît en filigrane tout au long de son existence. Voici quelques situations qui mettent en lumière la patience de Pier Giorgio.
D’abord, à huit ans, en compagnie de sa mère, il a fait l’expérience d’une longue randonnée en montagnes. Selon les itinéraires alpins, l’ascension nécessitait au moins dix heures de marche. Et jamais Pier Giorgio ne se plaignait de la faim, de la soif ou de la fatigue. (1)
Sa patience, Pier Giorgio la manifestait aussi dans l’aide apportée à sa mère artiste-peintre. Alors qu’elle peignait un tableau dont le roi Victor Emmanuel III allait se porter acquéreur, c’est Pier Giorgio qui broyait les couleurs et nettoyait les pinceaux avec une incroyable patience. Il avait cette même attitude en posant pour sa mère et son maître et cela parfois, après avoir porté la lourde boite de peinture et le chevalet. (2)
Comme la plupart des enfants, Pier Giorgio a vécu les désagréments de la varicelle… Durant cette maladie, il ne fut pas un enfant difficile; il était au contraire, la patience et la bonté personnifiées. Il supporta notamment une grande soif toute une nuit car il ne voulait pas réveiller sa mère. (3)
En 1920, alors qu’il avait 19 ans, au moment de la bénédiction de la croix au sommet du mont Mucrone, l’abbé fit un faux pas et il est tombé dans une crevasse. Le robuste Pier Giorgio se précipita pour le retirer, il le débarrassa de ses bagages qu’il prit sur lui, et on peut dire qu’il le hissa lui-même jusqu’au sommet, sans se départir un instant de son calme et de son inaltérable patience. (4)
L’alpinisme, voilà un sport qui, en soi, exige une grande patience. Il est nécessaire de prendre le temps de bien s’encorder et d’analyser le trajet à parcourir pour arriver au but. S’impatienter pourrait avoir de graves conséquences et Pier Giorgio le savait.
Par ailleurs, dans certaines occasions reliées à ses études, c’est Pier Giorgio qui, dans ses lettres, précise la nécessité de cultiver ce fruit spirituel: Patience, une autre fois j’étudierai davantage et je mériterai ainsi de bien meilleures notes. (5) Et encore: Patience, il n’y a d’ailleurs pas moyen de faire autrement et l’on ne peut intervertir l’ordre des examens. (6)
Cette vertu de la patience, il l’a vécue intensément durant les six derniers jours de sa vie. Ses forces s’amenuisaient et, peu à peu, chacun de ses membres paralysaient. Sa sœur Luciana raconte notamment que pour se rendre dans une autre chambre de la maison, afin d’aller prier auprès de sa grand-mère décédée, Pier Giorgio est tombé trois fois… (7) Il se déplaçait lentement, difficilement, avec douleur et ce, sans faire mention à ses parents des maux qui l’affligeaient.
Après le décès de Pier Giorgio, sa mère témoignait ainsi: Il s’est toujours montré doux et patient face aux contrariétés qu’il endurait en famille et, selon ses amis, il était de même à l’école et au cercle universitaire. (8)
Après avoir médité sur ce fruit de l’Esprit-Saint dans la vie de Pier Giorgio, lorsque les situations du quotidien suscitent l’impatience, n’hésitons pas à demander l’aide de Pier Giorgio afin de rester plus sereins devant les impondérables de la vie.
- FRASSATI, Luciana, Les jours de sa vie, p. 29-30
- Ibid, p. 40
- Ibid, p. 62
- MARMOITON, Victor, Pier Giorgio Frassati, p. 178
- FRASSATI, Pier Giorgio, Lettres, le 26 mars 1923
- Ibid, le 15 avril 1925
- FRASSATI, Luciana, Les jours de sa vie, p. 203
- Ibid, p. 97