Une invitation au dépassement de soi

La méditation des textes de ce dimanche m’interpelle et me motive.  Lorsque saint Paul proclame que chacun de nous est un sanctuaire de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en nouscela m’émerveille!  (Cor 3,16) Quant à l’Évangile (Mt 5, 38-48), il est une invitation au dépassement de soi.

Le Christ nous convie à adopter une série d’attitudes rarement spontanées. Tendre l’autre joue et aimer nos ennemis, ne fait pas partie de l’ADN humain! Pourtant, des chrétiens, inspirés par la Parole, nourris par prière et l’eucharistie, arrivent à relever ce grand défi. D’ailleurs, plusieurs comportements proposés par cette page d’Évangile ont eu un écho retentissant dans la vie de Pier Giorgio.

« Je vous dis de ne pas riposter »

Si souvent, Pier Giorgio demeurait silencieux face aux reproches venant de ses parents qui ignoraient ses œuvres charitables. Sa mère en fait un constat désolant après le décès de son fils : Il s’est toujours montré doux et patient face aux contrariétés (…) Lui, non seulement il  acceptait mes reproches mais il ne cherchait même pas à se disculper. (1)   

« Priez pour ceux qui vous persécutent »

Ce comportement s’observe à plusieurs reprises chez Pier Giorgio.  Un fait se déroule notamment à Rome en 1921.  À l’issu d’une confrontation entre une foule de jeunes et les gardes royaux, Pier Giorgio s’agenouille auprès d’un ami prêtre qui avait été molesté. Et, tenant bien haut son chapelet, il invite tout le monde à prier pour son groupe d’amis et pour ceux qui les ont frappés. (2)

« À qui te demande, donne »

Le don de soi, de son temps, de ses talents ainsi que le partage des biens, voici un autre appel lancé par Jésus.  Pier Giorgio y a répondu tangiblement tout au long de sa vie, à partir de l’événement des chaussettes et des souliers tendus à une maman démunie, jusqu’au dernier billet écrit de sa main presque paralysée.  Chaque jour, Pier Giorgio recevait sa vie comme un don et, Amour pour amour, il offrait sa vie à son tour, comme le chante Robert Lebel.

 « Soyez parfait comme votre Père céleste est parfait »

De quelle manière pouvons-nous être parfait comme le Père? C’est une question que j’ai posée à un grand ami, le regretté Jean Rochon.  Sa réponse résonne encore en moi… La perfection du Père, c’est qu’Il nous aime avec nos imperfections. À  l’image du Père, chaque personne est appelée à s’accueillir elle-même et à accueillir les autres comme des œuvres inachevées!

Ce type de perfection se remarque  aisément dans la vie de Pier Giorgio.  Notamment, lorsque des gens lui rappellent son origine bourgeoise, il répond: Mais je suis pauvre comme tous les pauvres. (3)

Et, pour reprendre les mots de Richard Vidal, les pauvres ont touché la main de Dieu, le Dieu qui habitait dans le sanctuaire du cœur de Pier Giorgio!

À la suite de cet entraîneur, habités par l’Esprit, avançons sur la route du dépassement de soi!


  1. Luciana FRASSATI, Les jours de sa vie, p. 97
  2. Ibid, p.110
  3. Ibid, p.94