À l’automne 2004, en compagnie d’une amie, je suis allée en Italie pour marcher sur les pas de Pier Giorgio. Une dame italienne, Rosanna, a généreusement accepté de nous guider dans ce périple pendant 24h.
Avant notre départ du Québec, nous avons convenu du lieu de rencontre: la gare de Turin. Le voyage passait d’abord par Paris et se poursuivait vers Milan. Nous avons prévu de téléphoner à notre hôte en arrivant à la gare milanaise pour qu’elle sache l’heure à laquelle elle devait nous cueillir à la gare de Turin.
Plusieurs inconvénients ont alourdi le passage entre Paris et Milan: retard d’avion, turbulences aériennes, vol de bagage évité de justesse, route de l’aéroport jusqu’au centre-ville milanais dans un car bondé attrapé au moment où il quittait le stationnement et enfin, arrivée à cette grande gare, déjà fatiguées et affamées.
Dans cette grande gare, aux confins de trois pays, il y circule une foule de voyageurs qui se dirigent tous azimut. Les bruits étourdissants des micros qui résonnent pour annoncer les départs et le grincement de frein des convois, tout contribue à augmenter le stress d’une Québécoise qui amorce son premier voyage à l’étranger.
Alors que nous sommes à l’étape de téléphoner à la gentille Turinoise qui attend notre appel, à une des quatre cabines situées sur un mur latéral, je compose le numéro de téléphone de mon unique contact pour visiter le Nord de l’Italie.
Une voix masculine se fait entendre: « Pronto! »
« Je voudrais parler à Rosanna »
Après un long silence, j’entends à nouveau: « Pronto! »
Ayant répété ma demande plus lentement, j’entends le même: « Pronto! »
Audiblement, je me trouve dans une impasse… Mais alors que mon coeur battait la chamade, me disant que le projet était sur point d’échouer… j’ai levé la tête pour apercevoir, à deux mètres de nous, un homme dans la mi-vingtaine, adossé sur le mur, les deux mains dans les poches qui, avec un beau sourire dit: « Je parle italien et français, est-ce que je peux vous aider? »
Quelle chance! Ayant pris l’acoustique et prononcé quelques mots, il raccroche le combiné en disant: « Vous avez appelé à la gare de pompiers! »
Devant mon étonnement, il me rassure: « Vous avez sûrement fait un faux numéro, permettez que je rappelle ». Ayant mon carnet en main, il compose et reçoit la même réponse.
Avant que je m’évanouisse… il propose d’aller se renseigner à un kiosque. Il échange en italien avec une préposée et il se retourne avec le sourire: « Il faut simplement faire le « 1 » en avant du numéro. Revenus au téléphone, il compose et parle quelques secondes à l’interlocutrice puis me tend l’appareil en disant: « C’est Rosanna! » Enfin! Nous précisons l’heure du rendez-vous puis je raccroche. Le jeune homme revient s’assurer que tout se passe bien, puis il recule, fait un salut distingué et quitte rapidement, sans même attendre un merci!
Encore aujourd’hui, je me demande pourquoi ce jeune se tenait aux côtés des cabines téléphoniques, sans fumer, ni manger, ni lire, il était juste là, disponible pour nous aider. Le plus important, c’est qu’après cette rencontre fortuite, je me sentais en sécurité. Quelqu’un veillait sur nous!
Article suivant: Année Pier Giorgio
2 thoughts on “À la gare de Milan”